vendredi 10 juin 2016

Le compte rendu critique (cours en+ modèle)

Le compte rendu critique


Définition :
Exposer l'essentiel d'un texte ou d’un ouvrage et en faire l'analyse critique.
Critères d'analyse :
• la clarté et la valeur de l'idée principale
• La clarté de la problématique de l'auteur
• La clarté et la qualité des idées secondaires
• la rigueur de la méthodologie et de l'argumentation
• La pertinence des exemples et des illustrations
• La cohérence et l'organisation du texte
• Le style et la qualité de la langue
Méthode :
a). Lire et comprendre le document
b). Le situer dans le contexte culturel, social et politique de son époque
c). Procéder à sa critique interne (contenu)
d). Procéder à sa critique externe (apport de l’œuvre par rapport au mouvement littéraire, social
ou idéologique dans lequel elle s’inscrit.
_______________________________

Modèle d'un compte rendu critique



_______________________________
Texte
L’audiovisuel ne cesse de se développer au grand bonheur des admirateurs de la couleur et de l’image de même le télévision occupe une place très importante dans notre société.
La télévision « cette fenêtre ouverte sur le monde », continue à rendre d’énormes services à l’humanité. Elle est d’un grand support dans le domaine de l’information.
C’est vrai, que certains programmes présentés sont d’une qualité médiocre, mais elle introduit une ambiance à l’intérieur de la maison. Par ailleurs, la télévision empêche l’enfant de sortir dans las rues car elle lui permet de recevoir plus rapidement l’information et mieux développer son intelligence et son imagination.
En outre, la publicité éveille son esprit sur des nouveaux objets et elle éclaircit leur choix.
Le journaliste K.C, « Le Monde »

Le compte rendu critique du texte

     Le journaliste K.C dans le journal « Le Monde » qui s’adresse aux lecteurs essaye de justifier son point de vue « La télévision occupe une place importante dans notre société » en donnant des arguments.
     Le premier est : ces grands services à transmettre l’information : «elle est d’un grand support dans le domaine de l’information », le deuxième est : Son importance par rapport aux enfants : « …de mieux développer son intelligence et son imagination », le troisième est : la publicité qui joue un rôle éducatif « éveille son esprit… »
     Pour le premier argument pourrait être accepté, car l’image complète la parole et reflète mieux la réalité. Pour le deuxième argument est irraisonnable puisque la télévision favorise la violence, en plus les images atroces des guerres imposées par des pays riches aux pays pauvre favorisent le sentiment de rébellion et de haine surtout chez les enfants. Pour le troisième argument est inacceptable parce que la publicité commercial des produits de consommation ou de loisirs provoque certaine frustration chez l’enfant..

Comment faire une fiche de lecture d'un roman?

‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾
Méthodologie - Rédiger une fiche de lecture

‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾‾


D'après R. Delord
Une fiche de lecture sert à conserver en mémoire les informations utiles tirées de la lecture d’un livre, d’un recueil, ou d’un article.
Une fiche de lecture se prépare en lisant le livre. Il faut prendre des notes au brouillon en y reportant les n° de pages pour gagner du temps
Il faut lire le livre avec un crayon à la main, compléter au fur et à mesure sa fiche au crayon à papier avant de la mettre au propre au stylo.
1) . En haut de la fiche, on indique les références bibliographiques complètes du livre
_Titre du livre ((et sous-titres)) !!! souligné !!!
_Auteur
_Date de la première publication (indiquée au bas de la 2éme page, juste derrière la page portant le titre ; ne pas
confondre avec la date d’impression indiquée à la fin du livre)
_Editeur
_Collection
_Nombre de pages
((Traduit de quelle langue ?))
2) . On fournit ensuite des renseignements complémentaires sur...
__ L’auteur: (10 lignes maximum) [commencer le § par son nom]
Est-ce un homme ou une femme ? Quelle est sa nationalité ? Date de naissance et éventuellement de mort. Avait-il d’autres activités que la littérature ?
Titres de quelques autres œuvres importantes de
l’auteur.
__ Le genre : S’agit-il d’un roman (d’aventures, policier, psychologique, fantastique, de science-fiction, historique,humoristique...), d’une autobiographie
, d’une biographie, d’un conte, d’une légende, d’une nouvelle, d’une pièce de théâtre, de poésie, d’une correspondance,
d’un journal intime, de témoignages, d’une bande dessinée, etc. [assure-toi que tu connais bien le sens de ces mots].
__ Le cadre : Dans quel pays, quelle région, quelle ville, quel qu
artier, l’histoire se déroule-t-elle ? A quelle époque ?
((Dans quel contexte historique ?))
__ Les personnages principaux : Nom ? Age ? Situation ou profession ? Aspect Physique ? Caractère ? Milieu social ? Quelles relations existe-t-il entre eux ? [on peut présente
r ces relations sous forme de schéma]
3) . On fait enfin un résumé du livre et on donne son avis
__° Résumé bref : (entre 10 et 20 lignes maximum)
Ne parler que de l’action principale (seulement les évènements importants). Pour un roman, éviter de révéler la fin.
__° Extrait : Choisis une phrase, un paragraphe, un passage qui t’a plu et que tu aimerais lire à d’autres pour leur donner envie de lire à leur tour. Recopie le. Essaie d’expliquer ce que tu as aimé dans ce passage.
__° Appréciation personnelle : Ce livre t’a-t-il plu, un peu ? beaucoup ? passionnément ? [Utilise plusieurs adjectifs, les plus précis possibles, pour dire comment tu l’as trouvé et explique pourquoi de manière rédigée.]
ex. : intéressant, palpitant, instructif, émouvant, triste, amusant, beau, captivant, tragique... [bien vérifier le sens des adjectifs employés dans le dictionnaire].
As-tu trouvé ce livre facile à lire ?
assez facile ? ou difficile ? Pourquoi ?
Donne ton avis sur les caractéristiques « physiques » du livre : sur son format, sa couverture, la forme et la taille des caractères typographiques, le nombre de pages, ((les illustrations))

Comment réussir son exposé?

Réussir son exposé


Exposer oral
Il te faut, pour faire un exposé oral, réflexion et méthode. L’exposé peut être individuel ou collectif. S’il est collectif, pensez à vous répartir les tâches ? Qui fera quoi ?
Dans un exposé, il y a trois étapes :
1. Planifier l'exposé
2. Organiser l'exposé
3. Faire l'exposé
Si tu n'as pas trop le temps, tu trouveras un résumé des éléments principaux en fin de page...
1. Planifier l’exposé oral
Pour faire mon plan, je m’aide des questions suivantes.
_ Quel est le sujet de mon exposé ?
_ Quelles questions les gens se posent-ils à ce sujet ?
Pourquoi vais-je faire cet exposé?
_ Pour qui vais-je faire cet exposé ?
_ Qu’est-ce qui l’intéresse ?
_ Comment attirer et garder son attention ?
_ De quelles informations ai-je besoin ?
_ Où et comment trouver ces informations ?

2. Organiser l’exposé oral
_ Je pense à organiser et à structurer mes informations pour mon auditoire.
_ Je structure les informations en respectant un ordre de présentation.
_ Je choisis les moyens que j’utiliserai pour faire ma présentation : rétroprojecteur, affiches, tableaux, illustrations, photos, dessins, etc.
_ C'est un point important de l'exposé... Ton auditoire est composé de personnes différentes qu'il faut arriver à satisfaire. Il faut en fait arriver à la fois à intéresser et à plaire. Voici un petit tableau des personnes (spectateurs) que tu auras en face de toi (n'hésite pas à varier les moyens utiliser pour présenter ton exposé ton auditoire t'en sera reconnaissant) :
_ Certains aimeront avoir des éléments visuels : pense à illustrer ton exposé avec des images, des photos et des couleurs et à faire un plan de l'exposé (écrit le titre principal et les sous-titres de ton exposé)
_ Certains aimeront toucher les choses : tu peux distribuer des photos, images, objets..., tu peux aussi donner des indications de poids, de taille,...
_ Certains aimeront participer : pense à poser quelques questions, il adoreront ça ! Tu peux aussi les interpeler directement, les faire intervenir, montrer quelque chose... (ne désigne personne en particulier, demande toujours qui veut le faire...)
_ Certains aimeront les mots et entendre un discours logique intéressant et clair : pense à commenter le plan, les images, les cartes et les objets que tu présentes. Pense également à l'enchainement logique des différentes parties de ton exposé
_ Certains aimeront la musicalité et le rythme de ton discours : pense à varier le rythme de ton discours, à utiliser ta voix pour marquer les choses importantes,...
_ Certains aimeront savoir ce que tu penses de ton sujet : pense à dire ce que tu as ressenti, ce qui t'as intéressé, ...
_ Certains aimeront avoir des chiffres : pense à donner des chiffres, des dates, des pourcentages, à faire des graphiques...
_ Certains aimeront avoir des exemples : pense à donner des exemples surtout si ce que tu dis est très théorique ou difficile à comprendre.
_ Je rédige sur de petites fiches mes notes personnelles de présentation sous forme d’idées principales.
Attention !
° J’évite d’écrire tout l’exposé et de l’apprendre par coeur. Je fais plutôt un plan et je n’écris que les idées principales et secondaires.
° J’ajoute à mes notes des explications supplémentaires et des exemples que je juge important de communiquer.
° Pour te rassurer, essaie d'imaginer POSITIVEMENT ce qui va se passer durant l'exposé. C'est un peu comme au théâtre... Il faut répéter mentalement, en imaginant tout ce qui pourrait se passer :
° Tu dois imaginer l'endroit où cela va se passer : la salle, les élèves, le professeur...
° Tu dois imaginer tout, du début à la fin... Tu dois dérouler les grandes étapes de ton exposé mentalement... Imaginer les questions (et bien sûr les réponses), les réactions....
° Mais plus important encore tu dois t'imaginer que ton exposé va plaire et qu'il va intéresser ton professeur, tes copains mais aussi les autres : imagine des sourires, des signes d'encouragement, des visages satisfaits...
° N'hésite pas à demander aux personnes que tu aimes des conseils et de te dire quelles sont tes qualités pour te donner du courage et de la confiance. Sois toi même et tout ira bien !
3. Faire l’exposé oral
Lorsque je présente l’exposé, je respecte les consignes suivantes
_ J’explique le but et le sujet en précisant les questions auxquelles je veux répondre
_ Je présente un bref résumé de l’exposé et je fais un rappel de ce que les gens savent déjà sur le sujet.
_ Je donne les informations. Si je constate que l’auditoire ne comprend pas, j’ajoute des informations, des explications supplémentaires et quelques exemples.
Résumé des éléments principaux...
_ L'objectif d'un exposé est double il faut à la fois intéresser et plaire. Intéresser passe le traitement du sujet lui-même? Plaire consistera à accrocher l'attention, à capter et captiver, son auditoire.
_ Etre intéressant : eh oui, le premier élément reste le sujet et les informations que tu vas pouvoir apporter pour intéresser ton auditoire.
_ Etre respectueux : respecter l'horaire (répète plusieurs fois ton exposé, en te chronométrant), s'habiller correctement, avoir des documents présentables...
_ Etre clair : construire un plan très simple, rédigé de phrases courtes. Prévoir une visualisation des éléments importants : croquis, cartes, graphiques, voire documents à distribuer.
_ J’utilise des fiches (j'écris uniquement sur un côté de la feuille) sur lesquelles j’écris mon plan et mes notes.
_ Parler assez fort, suffisamment lentement et surtout articuler correctement.
Etre vivant :
_ Pour réussir son exposé, il faut aimer les personnes à qui l'on s'adresse.. Bizarre ? Oui, mais ça marche ! Aime ton auditoire et il t' aimera en retour... Eux aussi, sont passés par là, ou passera par là... Ne t'inquiète pas ! Ils te supporteront, si tu leur fais confiance et si tu les aimes...
_ Je regarde les gens et j’observe les visages : ils auront ainsi l'impression que tu leur parles à eux personnellement...
_ Je varie les moyens de présentation de mon exposé :
_ discours (changer le rythme du discours et modifier intonation de la voix pour les informations importantes ou pour relancer l'attention...
_ supports visuel (image, couleur, plan, carte),
_ interpeller son auditoire ou le faire participer (questions, émotions, sentiments personnels,... )
_ Je ne récite pas un texte et je ne reste pas assis sur ma chaise tout au long de l'exposé !


jeudi 9 juin 2016

Introduction à la linguistique III



1.4 La langue comme phénomène en évolution (diachronie-synchronie):

L'une des propriétés les plus importantes et les plus intéressantes du langage est sa capacité à se modifier sur une longue période de temps. Même si nous avons parfois l'impression que les divers outils de description linguistique (grammaire, dictionnaire) fixent la langue à jamais, elle est en constante évolution. L’étude de cette évolution appartient au domaine de la linguistique diachronique (du grec dia-chronos "à travers le temps"). 

Il est donc possible d’affirmer que, par analogie, la langue est vivante. Ceci veut dire que l’utilisation que nos grands-parents, ou nos arrière-grands-parents faisaient de la langue n’est pas exactement la même que celle que nous en faisons. Par exemple, il est facile de voir une série de nouveaux termes qui ont été introduits par l’avènement des ordinateurs dans notre monde moderne. Nous parlons maintenant de courriels, d’autoroute électronique, de téléchargement, de foire aux questions, etc. Projetée sur plusieurs centaines d’années, cette évolution crée des modifications importantes de la langue. Les plus incrédules pourront visionner un film comme "Les visiteurs" ou aller voir une pièce de Shakespeare pour voir la dichotomie entre l'état de la langue à plusieurs siècles d’intervalle. 

Cependant, afin de faire l’étude d’une langue dans son évolution, il est nécessaire d’avoir une description de son état à un moment précis de son histoire (comme on peut superposer une série d'images pour en faire un film). Cette étude de la langue appartient la la linguistique synchronique (du grec sun-chronos "en même temps"). 

Dans ce premier cours d’introduction, nous ne traiterons majoritairement que des études synchroniques.

1.5 L’oral et l'écrit

L’approche analytique la plus commune au langage se fait généralement par sa forme écrite. Depuis que nous sommes touts petits, nous nous faisons corriger lorsque nous faisons une faute de grammaire, lorsque nous ne conjuguons pas correctement un verbe (ex.: ils jousent), lorsque nous utilisons un pluriel qui n'est pas exact (ex.: chevals), etc. Cependant, la linguistique ne s’intéresse que relativement peu à l’aspect écrit du langage et presqu'exclusivement à sa forme orale. Les raisons sont multiples, et en voici trois des plus importantes : 

a) le langage dans sa forme orale est apparu bien avant l’écriture dans l’histoire de l’homme

b) le langage existe d'abord et avant tout sous forme orale; il est appris d’abord sous cette forme par tous les enfants pour être ensuite enseigné dans sa forme écrite. Cela donne d’ailleurs lieu à des situations cocasses à l’occasion alors que des formes avec ou sans article peuvent être confondues: ex.: de l’asphalt ~ ?de la sphalt. De plus, il est possible de maîtriser très bien une langue et d'en ignorer l'orthographe (analphabètes). 

c) ce lien entre la langue écrite et la langue parlée, malgré le fait que c’en est un véritable, tend à diminuer avec le temps. L’orthographe a commencé à se fixer plus ou moins avec l'arrivée de l'imprimerie, mais les prononciations ont continué d'évoluer. La forme écrite n'a pu (et ne peut toujours pas) rendre compte de tous les changements de l'oral pour des raisons évidentes et tout à fait valables de normalisation. Pensons par exemple à la non prononciation des accents circonflexes (qui a maintenant disparue mais qui permettait d'opposer "faite" à "fête" par exemple), la disparition des triphtongues (eau) et des diphtongues (au, eu, ou, etc.), etc. 

En conséquence, la linguistique s’intéresse beaucoup plus à la forme sonore ou orale du langage qu’à sa forme écrite et, dans ce cours, nous ne ferons référence qu’à la forme orale du français, sauf avis contraire.

1.6 Deux questions importantes

1-Combien de langues y a-t-il dans le monde?

Cette question, pourtant si simple, ne connaît pas encore de réponse succinte. Il n'est possible d'y répondre qu'en amorçant une discussion de certaines notions linguistiques fondamentales. 

En premier lieu, il est nécessaire de distinguer ce qu'est une langue et ce qu'est un dialecte. Il est relativement facile de comparer le français et le grec par exemple, ou le français et le japonais et d’affirmer que ces codes sont différents. Les interlocuteurs de ces langues auraient grande peine à se comprendre et il leur serait impossible d'engager une conversation sensée sur un sujet particulier. 

Cependant, les frontières entre langues ne sont pas toujours aussi claires. Il existe des communautés linguistiques qui parlent des variétés de langues qui partagent un certain nombre de caractéristiques. Prenons l’anglais et le français par exemple. Pour des raisons historiques, une proportion significative du vocabulaire anglais est similaire à celui du français. Tout comme l’anglais de Grande Bretagne et celui du sud des Etats-Unis par exemple. Dans le premier cas, le reste des systèmes grammaticaux (système du verbe, syntaxe, etc.) sont suffisamment distincts pour justifier de les considérer comme deux langues distinctes, ce qui n’est pas le cas dans le deuxième exemple. Il est effectivement difficile d’imaginer que des locuteurs de l’anglais britannique et américain ne puissent se comprendre avec une relative aisance. 

Qu’en est-il cependant de locuteurs qui peuvent se comprendre un tout petit peu? Prenons l’allemand et l’anglais. Il est tout à fait commun pour un locuteur de l’anglais d’entendre un texte en allemand et de comprendre certains mots (et même parfois l’essentiel d’un texte). De façon similaire, les locuteurs du français peuvent comprendre une bonne partie d’une conversation en espagnol et vice-versa. Devrions-nous en conclure que ces codes sont des dialectes d’une même langue, au même type que l’anglais de Terre-Neuve et celui d’Irlande? Certainement pas. Mais il est important de réaliser que la distinction entre langue et dialecte d’une même langue n’est pas toujours aussi claire que nous le désirons. Dans tous les cas, il est nécessaire de procéder à un examen minutieux des codes utilisés par une communauté linguistique avant de pouvoir affirmer qu’ils appartiennent à deux dialectes ou langues différents. 

En deuxième lieu, quiconque désire déterminer avec exactitude le nombre de langues dans le monde se heurte à un obstacle de taille: l’absence de connaissances sur une majorité des langues sur la terre. Il existe en effet relativement peu d’information disponible sur les langues retrouvées en Afrique, en Amérique du Sud et en Nouvelle-Guinée par exemple. Ce manque de connaissances rend très difficile la différenciation entre dialectes et langues distinctes dans ces régions où certaines de ces langues sont parfois même connues sous différents noms.

En troisième lieu, l’identification de langues dépend également de considérations culturelles, historiques et politiques. Dans certains cas, une même langue sera considérée comme différente par deux états qui lui ont donné un nom différent. C’est le cas du malais et de l’indonésien qui sont respectivement les langues de la Malaisie et de l’Indonésie, et de l’hindi et de l’ourdou qui sont parlées en Indes et au Pakistan (Builles 1998 :48).

Pour ces raisons (et pour d'autres non présentées ici), il est très difficile de déterminer avec précision le nombre de langues parlées par la population mondiale. La plupart des estimations dénombrententre 3000 et 8000 le nombre de langues sur la terre. Nous pouvons estimer raisonnablement le nombre de langues à environ 4000. 

2-Depuis quand les humains communiquent-ils en utilisant une langue? 
La seule façon de répondre de façon précise à cette question serait de retourner dans le temps. Comme c'est bien évidemment impossible à faire, il nous est obligé de spéculer à partir des indications qui ont résisté à l’épreuve du temps et qui sont encore disponibles pour examen. 

L’écriture peut nous permettre de situer avec certitude qu’à un moment précis les hommes savaient écrire et qu’il utilisaient déjà un système de communication sophistiqué. Les plus vieux de ces documents, découverts sur les territoires et de l’Iran et de l’Iraq, datent environ de 3000 à 2000 ans avant notre ère (Builles 1998 :49). Cependant, il nous est impossible de dater l’apparition des langues qui n’ont jamais été écrites ou dont les supports visuels n’ont pas survécu au passage du temps, ou qui n’ont simplement pas été encore découverts. Qui plus est, considérant que les langues complexes ont certainement été parlées et utilisées bien avant qu’elles ne soient écrites, la datation de leur apparition est d’autant plus hasardeuse. 

Une autre approche a été adoptée par certains chercheurs qui ont utilisé les connaissances physiologiques pour y arriver. Il est possible de postuler que l’apparition de la parole est reliée de très près à certains changements physiologiques de l’appareil articulatoire chez l’humain. Certains chercheurs ont porté attention particulièrement à la position basse du larynx chez certains squelettes humains qui serait apparue il y a environ entre 400 000 et 300 000 ans avant notre ère chez l’Homo sapiens. 

Quoique prometteuses, ces pistes de recherche ont fourni des indications qui n’ont permis pour l’instant que l’élaboration d’hypothèses qui nécessitent vérification.

1.7 Références et lectures complémentaires

• Builles, J.-M. (1998). Manuel de linguistique descriptive : Le point de vue fonctionnaliste, Paris : Éditions Fernand Nathan. 
• Garric, N. (2001). Introduction à la linguistique, Paris : Hachette. 
• Walter, H. (1988) Le français dans tous les sens, Paris : Éditions Robert Laffont.
• Walter, H. (1997) L’aventure des mots français venus d’ailleurs, Paris : Éditions Robert Laffont.
• Walter, H. (1994) L’aventure des langues en occident, Paris : Éditions Robert Laffont.
• Walter, H. (1998) Le français d’ici, de là, de là-bas, Paris : JC Lattès.

1.8 Exercices de révision

1) Donnez tous les champs d’étude traditionnels de la linguistique; donnez-en une définition brève mais complète.

2) Donnez 3 champs d’étude non traditionnels de la linguistique; donnez-en une définition brève mais complète.

3) Résumez brièvement mais clairement les distinctions terminologiques effectuées dans la présente section et donnez des exemples pour les illustrer.

4) Expliquez pourquoi la linguistique s'intéresse plus à l'oral qu'à l'écrit.

5) La langue écrite constitue normalement la "norme", la référence ultime en matière de langue. Compte tenu de la prédominance de l'oral sur l'écrit, comment peut-on expliquer ce fait? Donnez votre opinion.

6) Donnez et expliquez brièvement le but des études linguistiques.

7) Donnez une évaluation du nombre de langue naturelles dans le monde. Commentez.

8) Est-il possible de dire avec précision à quel moment l'humain a commencé à utiliser une langue? Commentez.

9) Dites ce qu'est la grammaire, au sens linguistique. Donnez un exemple d'énoncé grammatical et un exemple d'énoncé agrammatical.

10) Si le travail des linguistes est de décrire et d'expliquer le fonctionnement de la langue et du langage et non de prescrire, comment doit-on considérer la notion de "norme"? Est-il valable et nécessaire d'avoir une norme? Si oui, pourquoi? Quel est le rôle des linguistes dans la définition de cette norme?

Introduction à la linguistique II



1.1 Description versus prescription

Les définitions présentées ci-dessus ont comme point commun la description de l’utilisation de la langue, soit dans des circonstances différentes (dans des contextes différents comme en sociolinguistique par exemple) ou d’un point de vue particulier (comme la compréhension de la parole, en psycholinguistique par exemple). On tente de décrire le fonctionnement de la langue soit dans le but de comprendre son fonctionnement, soit pour comprendre le fonctionnement du cerveau, lieu des processus cognitifs et, par le fait même, d’utilisation de la langue.

Il est bien important de voir que le but poursuivi par les linguistes n’est pas de prescrire l’utilisation de la langue. Une telle approche mènerait le linguiste à relever les fautes d’orthographe, ou d’accord du participe passé en français par exemple. En réalité, lorsque les gens font ce que l’on appelle des « écarts de langage », ils révèlent souvent des caractéristiques très intéressantes d’une langue qui sont reliées aux exceptions grammaticales (verbales, accord des adjectifs par exemple) ou aux particularités dialectales de la variété qui est étudiée. Alors, lorsqu’un locuteur du français dit : « Ils jousent au hockey », il ne fait que généraliser le patron de conjugaison à un verbe irrégulier. Cette forme présente donc un intérêt certain d’un point de vue linguistique, car elle permet d’expliquer la structure des patrons de conjugaison.

Ceci étant dit, c'est un but tout à fait noble et valable de prescrire l’utilisation de la langue. Cette prescription est essentielle dans le but d’instaurer un standard en vue d’une intercompréhension entre toutes les communautés francophones. Par contre, et contrairement à l’opinion parfois véhiculée dans le public, cette responsabilité revient plutôt à ceux qui font les politiques linguistiques d’un pays ou état, de même qu’aux professeurs de langue plutôt qu’aux linguistes.

1.2 Grammaire et linguistique

La notion de "grammaire" est primordiale en linguistique. Contrairement à la définition plutôt traditionnelle, elle ne réfère pas à l'ouvrage de référence qui contient une liste de règles que l'on doit suivre pour faire des phrases bien formées en français. Elle réfère à toutes les règles de formation d'énoncés utilisées pour communiquer correctement dans une langue (et qui sont différentes d'une langue à l'autre). Plusieurs linguistes considèrent de nos jours la grammaire d'un locuteur comme étant un "modèle de compétence idéale qui établit une certaine relation entre le son et le sens." (Dict Ling Larousse)

L’une des préoccupations des linguistes est de comprendre le fonctionnement du langage d’un point de vue cognitif. Comme il est impossible, en pratique, de déterminer le fonctionnement exact du cerveau lorsque l’on utilise une langue (production ou compréhension), il est nécessaire de construire des modèles théoriques qui vont dupliquer ce fonctionnement. Le modèle parfait de fonctionnement du langage nous permettrait de dire que nous comprenons parfaitement et entièrement le fonctionnement de ce phénomène complexe, et ce, dans toutes les circonstances. Nous sommes encore loin d'avoir atteint ce but.

Les analyses ont donc pour but de construire des modèles théoriques ou de raffiner les modèles déjà existants. Ces analyses procèdent souvent à partir d’un ensemble d’énoncés (phrases, mots, etc.) duquel seront extraites un certain nombre de généralités. Cet ensemble d'énoncés contiendra des énoncés qui sont soit grammaticaux soit agrammaticaux, c'est-à-dire qui satisfont ou non aux règles de formation de phrases dans une langue donnée. Ces généralités permettront au linguiste de faire des abstractions sur un point théorique particulier.

Les analyses effectuées procèdent à l’aide d’une méthodologie rigoureuse qui permet de reproduire les résultats de façon constante. Cette méthodologie n’est pas étrangère à celle utilisée dans d’autres domaines scientifiques comme la physique ou la chimie. La méthodologie utilisée par le chercheur est en général approuvée par la communauté linguistique et considérée valable. On voit mal en effet un chimiste essayant de créer une nouvelle molécule avec une toute nouvelle méthodologie truffée d’erreurs et obtenant cette nouvelle molécule seulement dans 50% des cas.

Le linguiste, lui, a la tâche de déterminer les énoncés qui sont valides dans une langue, c'est-à-dire déjà été entendus ou qui sont conforme aux règles grammaticales d’une langue comme nous les connaissons. Ceci mène à la distinction entre les énoncés qui sont jugés grammaticaux, agrammaticaux, ou acceptables :

• Grammatical : qui respecte les règles de la grammaire d’une langue (par ex. : « Le petit chien joue dans le parc. »)

• Agrammatical : qui viole les règles de la grammaire d’une langue (par ex. : *« Petit le chien joue parc le dans. ») À noter que l’astérisque, « * », indique que l’énoncé est agrammatical.

• Acceptable : énoncés qui sont ou pourraient être compris ou produits par une les membres d’une communauté linguistique sans effort particulier sans nécessairement être grammatical. (par ex. : « J’ai acheté un échelle » –échelle est considéré comme féminin et non masculin, ce qui rend l'énoncé agrammatical mais néanmoins acceptable). Il existe plusieurs degrés d'acceptabilité.


À la suite des observations précédentes, nous pouvons considérer la linguistique comme étant:

systématique: elle possède un aspect formel et théorique qui mène à l’élaboration de modèle langagiers,
scientifique: procède d'une méthodologie rigoureuse et scientifique en vue d'élaboration de modèles théoriques,
descriptive (et non prescriptive): son but est de décrire la langue en elle-même, son fonctionnement et son usage.

1.3 Distinction langue, langage, parole

Parmi les distinctions terminologiques proposées par Ferdinand de Saussure au début de siècle dernier, celles de langue, langage et de parole se sont révélées particulièrement pertinentes et elles sont toujours utilisées de nos jours.

Langage: faculté inhérente et universelle de l'humain de construire des langues (des codes) pour communiquer. (Leclerc 1989:15) Le langage réfère à des facultés psychologique permettant de communiquer à l’aide d’un système de communication quelconque. Le langage est inné.

Langue: système de communication conventionnel particulier. Par « système », il faut comprendre que ce n'est pas seulement une collection d'éléments mais bien un ensemble structuré composé d'éléments et de règles permettant de décrire un comportement régulier (pensez à la conjugaison de verbes en français par exemple). La langue est acquise

Le langage et la langue s'opposent donc par le fait que l'un (la langue) est la manifestation d'une faculté propre à l'humain (le langage).

Parole: une des deux composantes du langage qui consiste en l'utilisation de la langue. La parole est en fait le résultat de l’utilisation de la langue et du langage, et constitue ce qui est produit lorsque l'on communique avec nos pairs. 

Selon Saussure, la langue est le résultat d’une convention sociale transmise par la société à l'individu et sur laquelle ce dernier n'a qu'un rôle accessoire. Par opposition, la parole est l'utilisation personnelle de la langue (toutes les variantes personnelles possibles: style, rythme, syntaxe, prononciation, etc.). 

Le changement de la langue relève d'un individu mais son acception relève de la communauté. ex.: le verbe « jouer » conjugué «jousent » est pour l'instant considéré comme une variante individuelle (parole), une exception, et il le demeurera tant qu'il ne sera pas accepté dans la communauté (les locuteurs du français québécois dans ce cas-ci).

Introduction à la linguistique I

Introduction à la linguistique I


1.0 Définition du champ d'étude de la linguistique

Ferdinand de Saussure, linguiste suisse considéré par plusieurs comme le « père » de la linguistique, a grandement contribué à l’établissement de la linguistique comme champ d’étude scientifique. Avec ses travaux du début du 20e siècle, il a défini ce champ d’étude comme une « science qui a pour objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même. » (tiré du PRobert 1991)

Cette définition amène un certain nombre de commentaires:

1- Tout d’abord, la langue est considérée comme objet d'analyse scientifique en lui-même, hors de tout contexte social qui apporte souvent des jugements de valeur, comme le démontre la citation suivante de Martinet:

" Une étude est dite scientifique lorsqu'elle se fonde sur l'observation des faits et s'abstient de proposer un choix parmi ces faits au nom de certains principes esthétiques ou moraux." (Martinet cité dans Leclerc 1989:7)

C’est à la suite de cette définition, au début du début du 20e siècle, que la linguistique s’est établie comme discipline scientifique et qu'elle a commencé à se démarquer d’autres disciplines utilisant la langue comme la philologie (…science historique qui a pour objet la connaissance des civilisations passées par les documents écrits qu’elles nous ont laissés. (Dict. Ling Larousse)).

La linguistique se veut donc un outil de description scientifique neutre qui ne tient pas compte des valeurs personnelles associées à la perception d’une langue ou d’une population.

En accord avec cette visée, un certain nombre de questions seront soulevées ou traitées par la linguistique et par d'autres sciences connexes :

• Comment sont structurées les langues?
• Est-ce que le langage est unique aux humains?
• Comment est apparu le langage?
• Quelle est la nature du langage?
• Comment sont structurées les langues?
• Comment est-ce que le langage transmet le sens entre deux individus?
• Comment est-ce que les locuteurs produisent et perçoivent le langage et la langue?
Les analyses linguistiques ont donné lieu à l’établissement de 5 domaines distincts d’étude qui sont devenus les domaines d’analyse traditionnels de la linguistique. Le tableau ci-dessous présente une brève définition de chacune de ces sous discipline (l’étude approfondie de chaque sous discipline nécessitera une définition plus complète).

Domaines traditionnels de la linguistique, aussi appelés domaines « internes » de la linguistique :
• Sémantique : « étude du langage considéré du point de vue du sens. » (PRobert 1991)
• Phonétique : « étude de la substance des unités vocales utilisées dans les langues humaines. » (Martin 1996 :2)
• Phonologie : « Science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur fonction dans le système de communication linguistique ». (Dict. de linguistique Larousse)
• Morphologie : « Étude des formes des mots. » (Dict. de linguistique Larousse)
• Syntaxe : « Étude des règles qui président à l’ordre des mots et à la construction des phrases, dans une langue; (…) » (PRobert 1991)

tab1

Il est également important de noter que des études plus poussées en linguistique révélera que les frontières entres ces domaines ont tendance à s’estomper à la lumière de certaines théories (comme entre syntaxe et morphologie par exemple en grammaire générative).

Depuis ses débuts comme science reconnue, la linguistique s’est grandement diversifiée. Aux 5 champs d’étude principaux et traditionnels que sont la sémantique, la phonétique, la phonologie, la morphologie et la syntaxe, se sont ajoutés un bon nombre de sous domaines comme la neurolinguistique, la sociolinguistique, la psycholinguistique, etc. Dans la plupart des cas, ces sous domaines proposent un éclairage sur la nature et de l’utilisation de la langue et du langage nouveau et enrichi des connaissances prises dans un domaine connexe et tout à fait compatible avec la linguistique. Il est possible de faire une comparaison avec les domaines présentés ci-dessus en affirmant que les domaines présentés ci-dessous examinent la langue dans son contexte social.

Domaines non traditionnels de la linguistique (liste non exhaustive) :

• sociolinguistique : l'étude des relations entre les phénomènes linguistiques et sociaux.
• ethnolinguistique : l'étude de la langue en tant qu'expression d'une culture (en relation avec la situation de communication).
• dialectologie : « (…) discipline qui s’est donné pour tâche de décrire comparativement les différents systèmes ou dialectes dans lesquels une langue se diversifie dans l’espace et d’établir leurs limites. » (Dict. de linguistique Larousse)
• psycholinguistique : « L'étude scientifique des comportements verbaux dans leurs aspects psychologiques. » (Dict. de linguistique Larousse)
• lexicologie : science des unités de signification (monèmes) et de leurs combinaisons en unités fonctionnelles (…) souvent étudiées dans leurs rapports avec la société dont elles sont l’expression. » (Dict. de linguistique Larousse) L’application de la lexicologie se nomme la lexicographie qui est la technique de confection des dictionnaires.
• l'aménagement linguistique: consiste en la mise au point d'un processus de décision sur la langue par un état ou un gouvernement, qui résulte en une politique linguistique.
• la neurolinguistique: science qui traite des rapports entre les troubles du langage (aphasies) et les atteintes des structures cérébrales qu’ils impliquent. (Dict. de linguistique Larousse)
• analyse de discours : « (…) partie de la linguistique qui détermine les règles commandant la production des suites de phrases structurées. » (Dict. de linguistique Larousse)
tab2

mercredi 8 juin 2016